Si pour certains l’art est purement esthétique, pour les Albers il est fonctionnel et pratique. Anni Albers, née Annelise Fleischmann (1899-1994) et Josef Albers (1888-1976) sont deux artistes différents dans leur pratique mais complémentaires et identiques dans leur manière de penser l’art. D’ailleurs depuis leur rencontre en 1922 au Bauhaus, Anni et Josef ne se quittent plus. Leur relation intime leur a permis la formation d'une identité artistique propre à chacun, de soutenir et de s’épauler l’un l’autre. Si leur production représente la base du modernisme, c’est aussi une nouvelle façon de pratiquer l’art et de l’enseigner qui voit le jour. Tous les deux sont convaincus que l’art est utile et qu’il peut changer fondamentalement notre monde. La valeur éducative de l’art a permis la formation de toute une génération d’artistes après eux, reprenant certains principes du Bauhaus - notamment le fait d’apprendre en pratiquant. La fonction de l’art est donc au cœur de leur réflexion : les Albers valorisent l’artisanat et mettent en avant l’observation du monde sensible. Selon eux, l’art améliore la formation de soi et le rapport avec les autres. Ce sont les œuvres emblématiques des deux artistes qui ouvrent l’exposition plongeant directement le visiteur au cœur des valeurs théoriques et pratiques qui unissent le couple. Après ce prologue se déploie une exposition chronologique qui permet de voyager à travers l’évolution stylistique et technique des Albers. La première partie de l’exposition regroupe leur production entre 1920 et 1933, date à laquelle le couple part pour les Etats-Unis. Leur carrière y prend un autre tournant, notamment avec leurs œuvres réalisées au au Black Mountain College ainsi que le début d’une transmission de leur pensée artistique. S'ensuit les fameuses Pictorial Weavings de Anni et les Homages to the Square colorés de Josef. L’exposition se clôt sur une sélection des œuvres graphiques d’Anni initiées avec son mari toujours à ses côtés, et jusqu’à la fin de sa vie.