Artiste ou artisan, l’art s’est longtemps et souvent posé la question de ce qu’étaient les créateurs en son sein. La frontière entre ces deux fonctions a longtemps été brouillée et il n’est pas rare que l’art contemporain joue à nouveau avec elle. Benjamin Sabatier prend cette direction lorsqu’il propose d’abord un art Do it yourself, forme d’autosuffisance économique qui a nourri son engagement pour les créateurs. Délaissant les matériaux nobles, il se saisit du béton, de rouleaux de scotchs, de poutres, de sacs plastiques. Il choisit pour peindre des outils de chantier ; joue sur le déchirement ; lave ses œuvres à l’eau pour donner un rendu de papier mâché. Sa démarche tend à ancrer l’art dans un processus résolument manuel. "Variations concrètes", sa troisième exposition personnelle à la galerie Bertrand Grimont, témoigne d’un glissement dans son travail. Peu à peu, l’autosuffisance est remplacée par l’auto construction. L’artiste s’avance progressivement vers un minimalisme des formes, des supports, des matériaux réduits au béton, au bois et au papier. L’expérimentation sans relâche de Sabatier prend désormais la forme d’une exploration psychanalytique de ses œuvres antérieures, questionnant ce que deviendront celles du futur.