Ici, des stalactites faites de troncs de hêtres et d’acacias, au pied desquels se dépose le tas de humus formé par la décomposition du bois. Là, des photos de cavité dans une racine imprimés sur aluminium donne l’impression de faire face à une grotte rocheuse. Plus loin, des écorces accrochées au mur rappellent des mues animales. L’exposition de Cécile Beau nous fait entrer dans la galerie 22,48 m² comme dans une grotte végétale. Issu du grec ancien, le terme hylé désigne la matière dont une chose est faite. Pour l’artiste, cette matière est constituée d’éléments hétérogènes qui s’assemblent et se morcellent sans cesse. L’expérience qu’elle propose est celle d’une réalité où le végétal, le minéral et l’animal s’entrelacent, s’interconnectent et s’influencent. L’utilisation d’une matière dans une œuvre en évoque irrémédiablement une autre. Le monde auquel nous accédons semble chimérique. Pourtant, il est bien réel et présente la nature comme un vaste continuum, longue et même séquence d’ADN dans laquelle les matières communiquent et co-évoluent. Cette exposition est le récit de l’Histoire de la cohabitation des règnes et des espèces, détaché du biais anthropomorphique et rendant hommage à son caractère cyclique.