L’histoire de la peinture est faite d’inspirations, de réécritures et de renouvellement. C’est ce que met en lumière l’exposition Cézanne et les maîtres, où le travail de Cézanne est mis en regard de chefs d’œuvres des maîtres italiens, ses prédécesseurs du XVIe et du XVIIe d’abord mais aussi ses successeurs du Novecento. Bien qu’il n’ait jamais voyagé en Italie, l’Aixois n’a cessé de se nourrir de l’exemple italien pour asseoir une peinture «nouvelle ». Lecteur de Virgile, d’Ovide et de Lucrèce, il s’empare de l’œuvre du Titien, de Tintoret, de Poussin ou du Greco. Il assimile les sujets, les volumes, la couleur ou la lumière, dégage l’esprit des tableaux et les modernise pour « faire de l’impressionnisme quelque chose de solide et durable comme l’art des musées ». Ce dialogue à travers les âges se retrouve dans l’influence que Cézanne a sur le Novecento. Alors que les peintres italiens rompent avec les anciens, ils se tournent vers le dépouillement et la simplicité des thèmes de ce dernier. Boccioni, Morandi ou Pirandello reconnaissent en lui le passeur d’une certaine idée classique, un peintre de la permanence, entérinant le lien entre Cézanne et les italiens. Riche d’une soixantaine de chefs-d’œuvre provenant des plus importantes collections publiques et privées du monde entier (musée du Louvre, Orsay, National Gallery of Art de Washington, collection Thyssen-Bornemisza de Madrid, Pola Museum de Kanagawa, Walker Art Gallery de Liverpool, …), cette exposition est une leçon d'histoire de l'art pour comprendre l'influence décisive de Cézanne pour asseoir une peinture « nouvelle ».