Bien plus qu’un photographe, c’est un artiste avant-gardiste et multiple. Elève d’Ingres et de Delaroche, Charles Nègre est avant tout un artiste peintre. C’est en 1944 qu’il décide de se consacrer pleinement à la photographie, sans pour autant oublier la peinture. Ce qu’il aime avant tout, c’est l’instantanéité de la photographie, saisir l'événement à un moment précis. Et finalement, il fera toujours des aller-retours entre les deux médiums artistiques : il lui arrive de capturer une scène et la retranscrire sur une toile. Charles Nègre est aussi un grand technicien : il invente son propore procédé d’héliogravure avec passage dans un bain d'or. Les clichés ont à la fois la finesse et la précision d’une photographie, et la profondeur des teintes de la gravure. Longtemps inconnu du grand public, il fait partie de la première génération de photographes avec Eugène Atget, Henri le Sec ,Gustave le Gray, Hippolyte Bayard…qui contribue à la diffusion massive de la photographie. Si comme eux il ne participe pas à la mission héliographique française, Charle Nègre décide de son plein grès de documenter le littoral provencal. Jusqu’à la fin de sa vie, il réalise systématiquement des clichés dans un souci de documentation, notamment des scènes de genre empruntées au quotidien de la rue. En 1991 est publié un livre de son petit neuveu, Joseph Nègre, La Riviera de Charles Nègre, reproduisant plusieurs clichés de la Côte d'Azur et de son arrière-pays. Le musée d’Art et d’Histoire de Provence possède un vaste fond de ses œuvres, aussi bien photographiques et héliographiques que picturales. Un héritage artistique et scientifique incroyable que la ville natale de l’artiste souhaite transmettre. Un hommage prolongé jusqu’à la rentrée prochaine avec l’exposition de Michel Graniou, photographe contemporain à la pratique moderne. Billet sur place.