Prototype for Lies de 1998 inaugure l’une des grandes séries de Damien Hirst, Pill Cabinets. Elle ouvre également cette exposition, présentée simultanément avec le premier solo show muséale de l’artiste à la Fondation Cartier. Les Pill Cabinets sont, en réalité, une évolution des Medecine Cabinets dont la forme imite celle des étagères que l’on trouve en pharmacie. Pour les Pill Cabinets, Damien Hirst expose les pilules dénudées de tout emballage, montrant leurs formes simples aux bords arrondis. Vraies pilules, en résine, métal ou plâtre, ces installations confrontent l’art et la science tout en évoquant le travail de ces prédécesseurs : les nuanciers de Gerhard Richter dans la disposition colorée, ou encore les bonbons de Felix Gonzalez-Torres dans la sérialité. Si les médicaments ont toujours fait partie du vocabulaire artistique de Hirst, cette série prend encore plus de sens en cette période pandémique. Leur symbolique, leur pouvoir de conviction et les risques qu’ils présentent illustrent parfaitement la dichotomie que l’artiste s’efforce d’illustrer. Bien-être individuel ou marché lucratif, ces médicaments pleines de promesses rapprochent ce travail à celui des post-minimalistes, critiquant la consommation massive.