Quatre-vingt-onze printemps et toujours un appareil photographique dans ses mains. Quatre-vingt-onze ans et toujours l’œil vif. Si vous ne connaissez pas Denis Brihat, deux expositions - une à la galerie Camera Obscura et une autre à la BNF -vous invite à découvrir le travail militant et exigeant de ce photographe français reconnu internationalement et pourtant si peu connu du grand public, qui depuis toujours, et encore, travaille à l’argentique. Une œuvre tournée vers la nature dont il en a fait son thème de prédilection. La galerie Camera Obscura propose un ensemble exceptionnel de Denis Brihat réunissant de grands classiques de cet alchimiste du tirage, ainsi que quelques inédits. La matérialité qu'il prête aux images, la forme qu'il décide de donner à ses photographies est donc au centre de ses préoccupations. Maître du tirage, il sait parfaitement travailler la matière photographique et décide, pour chaque négatif, d'une forme idéale qu'il voudra unique. Cette exposition met en exergue une vie consacrée à la reconnaissance de la photographie comme art à part entière. Cette reconnaissance est aujourd'hui un fait acquis, mais il n'en a pas toujours été ainsi et Denis Brihat fut, en France, un pionnier de cette histoire. En mars 1965, Denis Brihat présentait au Musée des Arts Décoratifs, une exposition comprenant une centaine de ce qu'il nommait "tableaux photographiques". La référence à la peinture est bien évidente, mais s'applique au fait que ces photographies sont conçues spécifiquement pour le mur, et non pour l'illustration. Brihat n'entend pas imiter la peinture, mais revendiquer pour son travail le statut d'œuvre d'art ; d'objet et pas seulement d'image. Le ton était donné.