Paris
Centre Georges Pompidou
27 mai → 21 févr. 2011
Du mer au lun de 11h à 21h. Nocturne le jeu jusqu'à 21h. Fermé le mar.
« Les femmes doivent-elles être nues pour entrer au Metropolitan Museum ? » demandaient les “Guerilla girls” dans une de leur œuvre, en 1989, dénonçant le manque de représentation des femmes dans le monde artistique. En 2009, le Centre Pompidou y répond en choisissant de n’exposer que des femmes pendant un an. Le musée, dont les accrochages tournent régulièrement, s’appuie alors sur sa riche collection d’art moderne et contemporain, la plus grande d’Europe. Près de 200 artistes, plus de 500 œuvres ! Jusqu'en 2011, le Centre ouvre "[email protected]", exposition événement qui connaît un succès retentissant avec plus 2,5 millions de visiteurs, et dont le commissariat général a été confiée à Camille Morineau, conservatrice, assistée de Quentin Bajac, Cécile Debray, Valérie Guillaume, Emma Lavigne, tous à l’époque conservateurs au musée national d’art moderne. Elle correspond au troisième accrochage thématique des collections du musée national d'Art moderne. Ainsi des figures d’artistes historiques comme l’artiste afro-américaine Adrian Piper (1948, États-Unis), Susan Hiller (1940, États-Unis) ou encore Jenny Holzer, (1950, États-Unis) partagent l’affiche avec des jeunes artistes à la carrière en plein essor, parmi lesquelles Shadi Ghadirian (1974, Iran), Frédérique Loutz (1974, France), Lili Reynaud Dewar (1975, France); mais aussi deux des figures phares des “Young British Artists”, Tracey Emin (1963, Angleterre) et Angela Bulloch (1966, Canada) et de la britannique Lucy Skaer (1975, Angleterre), dont peu de gens se souvient qu’elle a été lauréate du Turner Prize 2009. L’exposition du Centre Pompidou met en avant des peintres, performeuses, cinéastes, sculptrices, photographes, vidéastes. En aucun cas, il n’agit de faire une exposition sur l'art féministe. Cela n’avait aucun sens. Par contre, elle permet de mettre en avant leur travail, les démarches et les oeuvres dans une grande diversité de médium la création artistique féminine. La "Chambre bleue" de Suzanne Valadon, comme réponse audacieuse aux odalisques lascives de Matisse. "Les Tirs" de Niki de Saint-Phalle comme signal de départ pour la mobilisation d'une génération de femmes qui parlent de la violence. Les œuvres emblématiques comme "Boat Emptying, Stream Entering", 1989 de Marina Abramovic, et "Für Jean-Paul Sartre", 1975 de Hanne Darboven font aussi inscrites dans ce nouveau parcours. Les performances d’Adrian Piper, l’une des premières à questionner dans son œuvre le genre, la race et la classe sociale. Souvent pionnières, toutes nourrissent les mouvements artistiques dont on connaît les figures masculines ; toutes élargissent le champ esthétique et innovent dans les sujets et les formes ; toutes parlent de leur condition de femme et se réapproprient à leur manière le monde par l’art. Les artistes femmes invitées ont largement plébiscité cette exposition à l’instar d’Orlan : "Tout va dans le bon sens, c'est extraordinaire que Beaubourg ait le courage de faire une telle exposition, après avoir tant délaissé les femmes". Car l'un des grands débats qui animent le monde de l'Art depuis la fin du XXe siècle est que l'histoire de l’art a été élaborée avec des points de vue masculins, où les artistes femmes ne semblent avoir été et être encore que des exceptions. Là où seulement 5% sont habituellement exposées, le parcours thématique et chronologique de Pompidou montre des œuvres nombreuses, innovantes, qualitatives. En rendant caduques toutes formes d’arguments malhonnêtes sur l’absence des femmes dans l’art, cet espace dédié crée un besoin impératif : celui de réécrire l’histoire de l’art où les femmes auront leur place. L’exposition "[email protected]" en était une première étape.
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