Lors de sa première exposition à la galerie Almine Rech, Farah Atassi nous a habituée aux formes géométriques mélangées à des scènes figuratives fantastiques. Cette fois-ci, on retrouve ces formes dans des natures mortes et portraits stylisés : silhouettes de femme, instruments de musique, objets du quotidien et accessoires de cirque se déploient sur un fond géométrique au couleurs vives. Si cela a tout de la nature morte classique, Farah Atassi refuse de se plier aux conventions des genres académiques du portrait et de la nature morte. Dans l’histoire de l’art, le portrait est, dans la hiérarchie des genres de la peinture, le plus élaboré. Celui de la nature morte est le plus négligé. En opposant les deux genres, elle affirme sa volonté d’aller à l’encontre des conventions picturales classiques. Cela conforte aussi son idée selon laquelle aucun élément n’a plus d’importance qu’un autre dans une composition. Ainsi, Farah Atassi traite de la même manière l’arrière plan et le sujet principal de ses oeuvres. De ce fait, tout paraît être sur le même plan. En réalité, l’artiste s’appuie sur une grille pour organiser ses compositions où la place des couleurs et des formes est soigneusement choisie. Cette grille lui sert également à représenter l’espace en trois dimensions. Les personnages quant à eux sont réduits à de simples associations de formes ; les objets très épurés ne semblent pas appartenir au monde réel. Figures et objets se confondent sur espace tridimensionnel. Enfin, la surface des toiles se laisse voir à travers les couches de peinture à l’huile. Farah Atassi nous perd, entre peinture classique et abstraction totale. Pour elle, ce sont “des peintures figuratives qui représentent l’abstraction”.