Les sculptures en savon aux formes antiques de Frédérique Nalbandian envahissent la galerie Eva Vautier, et lui donnent des allures de temple grec. Temple pas si sacré car l’artiste nous invite et nous incite à toucher ces œuvres, les mains mouillées au préalable. A l’instar d’une cérémonie profane dans un lieu de culte(ure), ce geste n’est pas anodin. Car il s'agit des représentations des déesses Hygie et Panacée, symboles respectifs de la santé et du remède universel. Un message fort de sens en ces temps pandémiques et une expérience sensorielle complète qui permet au regardeur de contribuer au processus artistique. Ne vous inquiétez pas, les œuvres ne se détériorent pas pour autant ! Le savon est un matériau plus solide que ce que l’on croit. Il faut le frictionner, le frotter, le saisir à pleine main pour que sa forme se modifie. D’ailleurs, c’est ainsi que procède Frédérique Nalbandian pour graver, sculpter et modeler ses œuvres. Elle travaille le savon dans tous ses états grâce à l’action de l’eau sur ce dernier : solide, liquide, mousse, effervescence, coulures… Quoi qu’il en soit, elle donne des formes poétiques au savon, dont la transformation évoque la fuite du temps, l’érosion et la métamorphose.