Paris
Musée d'Art et d'Histoire du judaisme
17 oct. → 23 févr. 2020
Du mer au ven de 11h à 18h. Sam et dim de 10h à 18h. Fermé mar.
Qui connaît le peintre Jules Adler ? Hormis les dix-neuviémistes qui seront heureux de redécouvrir l’œuvre singulière de ce peintre franc-comtois, né dans une famille d’orgine juive alsacienne, il est for à parier que le grand public ne connaisse même pas une de ses œuvres. C’est le paradoxe de cet artiste dont une de ses toiles, « La Grève au Creusot » (1899), est devenue une icône des luttes ouvrières reproduite sur nombre de livres d’histoire. Celui qu’on appelait le peintre des humbles est aujourd’hui présenté au musée du Judaisme après une tournée à Dôle et à Roubaix. L’exposition a été en effet coproduite par le musée des beaux-Arts de Dôle, la Piscine de Roubaix, et le musée parisien. C’est grâce à cette coproduction triangulaire, qu’il est possible de voir revenir sur les cimaises, l’œuvre d’artistes oubliés. Ainsi à travers 170 peintures, dessins, gravures et documents – pour près d’un tiers jamais présentés au public –, cette rétrospective permet de découvrir une œuvre originale et de comprendre son inscription dans le contexte social et politique de la France de la Troisième République. Elle offre aussi l’occasion d’aborder les résonances de sa judaïté dans sa perception du monde et ses engagements d’homme et d’artiste. Dreyfusard, Jules Adler est surtout préoccupé, au début de sa carrière, par la misère et la dureté de la société industrielle triomphante, s’intéressant autant à la condition ouvrière (Les hauts-fourneaux de la Providence, Les Enfourneurs, Au pays de la mine...) qu’au petit peuple des villes, notamment celui de Paris où il vit (Les Las, La soupe des pauvres...), ce qui lui vaut le qualificatif de peintre « des humbles ». Les sujets de ses toiles comme « La Mère » (1899), semblent sortis des romans d’Emile Zola, dont il partage l’engagement auprès de Dreyfus, ou de Maupassant. Puis, surtout après le traumatisme de la Grande Guerre, il se met en réserve, dépeint « les humbles », les campagnes et témoigne lors de son internement en 1944 à l’hospice de la rue Picpus, à Paris, de ces vieillards et malades juifs en attente de déportation. Il laisse ainsi l’une des œuvres les plus fortes sur les luttes sociales et le prolétariat à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.