Pénétrer la première exposition monographique de Laurence Aëgerter à Paris, c’est comme passer de l’autre côté du miroir. C’est d’ailleurs sur un miroir, gravé de la formule « Ici mieux qu’en face », que celle-ci s’ouvre, pour mieux introduire aux thèmes du double et de l’évasion, chers à l’artiste pluridisciplinaire. La française répond ici à l’invitation du Petit Palais en proposant au visiteur un voyage à travers l’histoire de l’art. Touchée par les collections du musée, elle y sème ses propres œuvres : photographies, tapisseries, céramiques ou encore installations in situ ouvrent alors de nouveaux champs de représentation. Des sculptures se parent d’un «Schutzmäntel » (manteau de protection), sérigraphié avec des encres parfumées, en référence au manteau de la Vierge qui protège les humbles et les faibles. Une de ses tapisseries dialogue avec Soleil couchant sur la Seine à Lavacourt de Monet. Une harpe du XVIIIe siècle pleure des larmes de verre, gravées des noms de personnes perdues. Par là même, Aëgerter formule ses questionnements sur la mémoire, le temps passé, la précarité de l’existence. Sensible, l’exposition nous offre une autre lecture du musée, imprégnée d’un vent de liberté.