« Féministe, politique, surprenante. » Quelle meilleure façon de présenter Niki de Saint-Phalle, l’une des artistes les plus populaires du XXe siècle ? C’est en tout cas ainsi que la décrit Camille Morineau, la commissaire de la rétrospective sur Niki de Saint-Phalle de 2014. C’est la première grande exposition qui lui est consacrée en 20 ans, et quel n'en fut pas le succès ! Plus de 500 000 visiteurs sont venus (re)découvrir ses multiples facettes, mises en scène par le Grand Palais. Pour beaucoup d'entre nous, le nom de Niki de Saint Phalle n'évoque que les rondes joyeuses de Nana imposantes et colorées... Ce n'est qu'une partie de sa très longue et prolifique carrière. Plasticienne, peintre, sculpteure, performeuse, cinéaste expérimentale, Niki de Saint-Phalle est l’une des premières artistes à acquérir de son vivant une reconnaissance internationale. Marquée par Dubuffet, Gaudí et Pollock, elle crée un univers singulier, aux inspirations multiples, loin de tout mouvement bien qu’elle ait été très proche du Nouveau Réalisme. En partie autobiographique, son œuvre lui permet d’extérioriser et de soulager les douleurs des situations qu’elle vit : drames familiaux, troubles schizophréniques, dépression. D’un format intimiste aux formes monumentales, par un thème fétiche ou une création éphémère, l’artiste raconte ce qui la touche, la blesse ou la fait avancer. Si l’on peut penser que de cela naîtrait un art torturé, il n’en est rien. Son travail est un récit protéiforme chaleureux et joyeux, mais aussi et surtout engagé et provoquant. Le parcours proposé au Grand Palais forme un récit à la fois protéiforme, chaleureux mais aussi provoquant. Les combats qui animent sa vie animent également son œuvre. Féministes, les Nanas relisent le corps féminin pour en montrer l’émancipation, Black Heroes s’élève contre le racisme, Le sida tu ne l’attraperas pas apporte son soutien à la lutte contre le sida. Ses tableaux-tirs, considérés comme un moment clé dans l’Art-action, lui permettent de se libérer et de mettre en scène ce que l’on aurait pas vu avant : une femme à l’œuvre pour son art. Avec des projets comme celui de la Fontaine Stravinsky à Paris ou de Hon, elle se dédie à un art accessible à tous, parfois même participatif. La « maître d’œuvre » crée des univers fantastiques, peuplés de monstres, qui rendent compte de la violence du monde. Sous les couleurs pop qu’elle emploie, son œuvre est radicale. Niki de Saint-Phalle est l’une des artistes les plus marquantes du XXe siècle. Elle s’est approprié toutes les formes d’art pour proposer un discours engagé, tout en ne tendant que vers un but : communiquer une énergie à vivre. Plus de 200 œuvres et archives, beaucoup inédites, émaillaient un parcours chronologique et thématique de 2000m2, ponctués d’écrans sur lesquels l’artiste commentait son travail. Des maquettes de projets architecturaux et une sculpture-fontaine (L’Arbre de Vie) devant l’entrée du Grand Palais, permettaient d’évoquer l’ampleur et la diversité de son œuvre publique. Cette exposition était organisée par la RMN - Grand Palais avec l’aimable participation de la Niki Charitable Art Foundation, et co-organisée avec le Guggenheim Museum de Bilbao. Elle bénéficiait de prêts exceptionnels des musées de Hanovre et de Nice, qui ont reçu d’importantes donations de l’artiste. Elle a été par la suite présentée au musée Guggenheim de Bilbao du 27 février au 29 juin 2015.