Depuis toujours, le monde hellénistique suscite une curiosité infinie dans le monde entier : dieux et déesses mythiques, statues blanches immaculées, philosophes ou encore sages politiciens, c’est tout l’univers antique qui intrigue des générations entières d’archéologues, d’historiens et de sociologues. À partir des XVIIe et XVIIIe siècles, les artistes européens s'intéressent particulièrement à la Grèce, notamment avec l’avènement du style néoclassique dans les années 1750. Peintres, sculpteurs et architectes prônent un retour aux goût de l’antique : la simplicité et la “vertu” comme l’écrit le théoricien Winckelmann prennent le contrepied du style rocaille et baroque. Si le patrimoine grec intéresse autant les Européens, c’est parce que les liens entretenus entre les deux nations sont forts. De 1821 à 1829, la Révolution grecque bat son plein et marque la volonté des habitants d’une liberté face à la présence ottomane. Cette guerre d'indépendance est soutenue militairement et financièrement par quelques pays européens. Lors de sa construction en tant que pays libre, la Grèce s’inspire largement dans un premier temps du néo-classicisme français et allemand, tout en conservant son patrimoine national. Ainsi, le développement d’un État grec et de sa culture est concomitant avec cette collaboration entre l’Europe et la Grèce : la création d’une multitude d’instituts archéologiques (comme l’École française d’Athènes en 1846) permet aux fouilles de Délos, Delphes ou de l’Acropole de commencer ; les fouilles sont menés majoritairement par les allemands, les français et les anglais, et permettent d'exposer le patrimoine culturel grec au monde entier lors des expositions universelles. Non seulement ces relations ont permis aux Grecs eux-même que redécouvrir leur propre patrimoine et de se construire indépendamment, mais c’est aussi le moment de faire découvrir une autre Grèce antique, loin des canons néoclassiques européens : les statues n’étaient pas blanches mais bigarrées et parfumées ; les frontons des temples étaient eux aussi très colorés… C’est à la fois une manière de rappeler l’identité byzantine et orthodoxe de la Grèce, carrefour des civilisations européennes, et de diffuser un nouvel art moderne grec dans le monde entier. Cette exposition inédite croise, pour la première fois, l’histoire de l'archéologie avec l’art moderne grec, l'histoire du pays et le développement d’un État indépendant.