L’artiste ne se cantonne plus à la peinture ou au dessin qu’il pratique habituellement, mais il s’adonne à la photographie depuis peu. À l’argentique, il capture architectures modernes et paysages urbains en tout genre. Ces tirages noirs et blancs sont triés par ordre chronologique et précieusement rangés dans des classeurs. Ce sont ces archives photographiques qui sont à la source des dernières toiles de Pierre Seinturier. On ressent l’influence de cette nouvelle pratique sur sa production : cadre, lumière contrastée, netteté et floutage, profondeur du champ… Sans jamais donner un aspect photographique à ses peintures, on sent que cette influence est présente. D’ailleurs, c’est plus l’esthétique des toiles qui attire l'œil plutôt que le sujet traité en lui-même. Les deux grandes toiles principales de l’exposition illustrent parfaitement ce propos. Peintes dans des teintes douces, elles sont quasiment identiques : deux maisons sont représentées en plein milieu d’un champ. La moitié des toiles est occupée par un ciel très clair, comme si elles avaient été à peine peintes. Sur l’une d’entre elles, une femme nous invite presque à entrer dans le tableau en faisant un geste de la main. Signal d’alerte ou simple sollicitation du spectateur, quoi qu’il en soit cette toile reste mystérieuse. Comme toute la production de Pierre Seinturier d'ailleurs. Et c’est sûrement ça le sujet premier de ces compositions : le mystère ! Impossible de situer le lieu où se déroulent les actions représentées ou de donner quelconque temporalité… Tout est flou, aussi flou que les contours des visages de ses personnages. Tout cela s’explique notamment par l’amour de Pierre Seinturier pour les romans policiers mais aussi par la manière dont il travaille : à la lumière naturelle dans son atelier. Une exposition mystérieuse pleine de poésie !