L’œuvre de Pilar Albarracín est faite de gestes blasphématoires. L’artiste, d’origine andalouse, y questionne, renverse et même détruit l’idéologie patriarcale et la morale religieuse très ancrée dans cette région de l’Espagne. Du flamenco aux rituels catholiques, en passant par la tauromachie et l’art baroque, l’artiste prend chacune des traditions à bras le corps et se les approprie. Traversés d’une colère non dissimulée, ses actions, photographies, broderies ou objets détournés déconstruisent les rôles d’homme et de femme et invitent à prendre conscience des interdits, des manques, des absences. Dans cette exposition, Albarracín explore la tradition de la Semaine Sainte à Séville, pendant laquelle la ville entière commémore la Passion du Christ et vit au rythme de processions plurielles et thématisées. L’artiste joue de la théâtralité de ces rituels pour créer à son tour des images dotées d’un pouvoir symbolique puissant, teintées de violence et d’ironie. En reprenant les codes des idéologies dominantes, elle rejette le poids des tabous et de la morale. Par son œuvre, elle revendique le droit à disposer de son corps, le droit à l’autodétermination.