Pour Pascal Kern, Paul Pouvreau, Sébastien Camboulive et Thierry Balanger, la nature est source d’inspiration. Sa capacité d’imitation et à (re)produire de nouvelles formes les captivent. Qu’elles soient géométriques, symétriques ou abstraites, les formes végétales sont semblables à des motifs chimériques. Les quatres photographes manipulent aussi bien de vrais matériaux que des éléments virtuels. Dans sa série Natures de 1990 ici exposée, Pascal Kern travaille autour des cucurbitacées. Présentées sous forme de triptyque, elles sont photographiées frontalement et paraissent flotter dans l’espace. L’image au centre est la photo d’origine sur fond noir, les deux autres sont l’empreinte de la plante. En multipliant l’image dans l’espace, l’artiste donne à l’image une valeur quasi sculpturale. Ce sont des pièces qui se rapprochent également des natures mortes classiques, notamment des vanité. Du latin vanitas, qui signifie « état de vide », les vanités sont à la fois des images en volume, à la fois vide car généralement sur fond sombre et sobre, et pleine car l’espace est rempli d’objets et de végétaux. Avec Les Invasives de 2018, Paul Pouvreau montre aussi son attachement pour la sculpture. Il manipule et restructure du plastique coloré pour en faire des bouquets de fleurs. Le matériau ordinaire et grossier travaillé de manière délicate devient un joli bouquet aérien. Utiliser le plastique comme matière première, qui est loin d’être naturel, c’est souligner les contradictions de notre société qui nous encourage à consommer mieux, mais toujours plus. Sébastien Camboulive, lui, présente sa toute nouvelle série, Point d’équilibre. Ces tirages pigmentaires au charbon en noir et blanc illustrent la démultiplication des végétaux. En travaillant l’image en miroir, il parvient à retranscrire les effets hypnotiques et la symétrie parfaite des plantes en question. Pour Thierry Balanger, cette exposition est l’occasion de montrer sa série toujours en cours de production, Les fleurs cassées. Il y mélange la peinture et la photographie par l'utilisation de procédés chimiques, sans même utiliser d’appareil photo ! Ces chimigrammes permettent la création de nouvelles images, laissant apparaître fleurs et motifs végétaux, à la limite de l’abstraction.