"She-devils on Wheels" est à l’origine un film mettant en scène un gang de motardes. Intriguant, non ? C’est aussi le nom que Sylvie Fleury donne à un club dans les années 1990, où se retrouvent des femmes qui partagent un intérêt commun pour la customisation des voitures américaines. De là, est née une série d’œuvres sur ce même thème. Et il n’y aucun doute, le travail de Sylvie Fleury est original et inoubliable ! Autodidacte et sans formation artistique, l’artiste suisse, née en 1961 à Genève, est connue pour ses installations décalées, sexistes et/ou fétichistes. Ses œuvres s'appuient généralement sur l'exposition d'objets a priori investis dans la société d'une forte valeur esthétique et d'un attachement sentimental. La galerie Thaddaeus Ropac aujourd’hui revient sur une série historique de l’artiste. Une peinture murale psychédélique de plus de dix mètres de long annonce le titre de l’exposition à la manière d’un slogan. Un moteur en bronze chromé rappelle sa pratique du ready-made. Six photographies montrent des chaussures de luxe en gros plan sur des pédales, volants, leviers de vitesse. Accrochée au mur une robe adopte les codes vestimentaires d’une combinaison de Formule 1. A la croisée du "ready-made" de Duchamps et de la vision warholienne de la société de consommation, Sylvie Fleury met en scène des objets de luxe. Tour à tour, ces derniers rappellent son attachement aux images-types de la culture mainstream, à la performance, mais aussi à la position post-féministe qui la pousse à se réapproprier des pratiques et des objets dits masculins.