Pour cette nouvelle exposition au Palais de Tokyo, Ulla von Brandenburg (née en 1974 à Karlsruhe, travaille à Paris) a imaginé un projet total et évolutif, inspiré du théâtre, qui invite le visiteur à plonger dans son imaginaire. On y entre comme on brise le quatrième mur, en traversant les seuils, matérialisés par des rideaux peints, qui mènent vers les œuvres. Cinq environnements réalisés avec des tissus colorés nous accueillent d’abord, dotés d’une fonction ou d’une temporalité : action, figure, rituel, nuit, habitat. Autant que le tissu est fluide et modulable, ces espaces sont amenés à se transformer au cours de l’exposition. Habités chaque samedi par les chorégraphies de danseur.se.s, ils annoncent le film situé au cœur de l’exposition, tourné avec ce même groupe de danseur.se.s. au Théâtre du Peuple de Bussang dans les Vosges. Construisant un conte, l’artiste y interroge le sens de la communauté et de la nature, de l’art et de l’individualité. Elle ouvre ainsi le ton pour l’installation labyrinthique qui finit l’exposition. Au milieu des tissus, des objets apparaissent et disparaissent dans cinq projections de films tournés sous l’eau. En contrepoint au monde terrestre et rural du début de l’exposition, ces visions subaquatiques offrent une plongée progressive dans une forme de subconscient, qui amène à se demander où l’on est.