Victor Brauner, c’est l’histoire d’un surréalisme mystique : son Autoportrait à l’œil crevé en 1938 annonce de manière prémonitoire la perte de son œil sept ans plus tard, son œuvre angoissée donne à voir ce qui est invisible et les doctrines les plus secrètes (tarot, spiritisme, kabbale) constituent son refuge pendant son exil de la Seconde Guerre mondiale. De ces inclinaisons spirituelles, naît un artiste roumain qui s’impose comme une figure singulière du surréalisme. Aujourd’hui, le Musée national d’Art Moderne lui consacre une impressionnante monographie, près de 50 ans après la dernière rétrospective qui lui avait été dédiée. Le parcours chronologique de l’exposition nous permet de découvrir son univers et sa biographie qui a toujours compté dans son œuvre, de la découverte des avant-gardes expressionnistes et constructivistes en Roumanie à la plongée dans la psychanalyse à la fin de sa vie, en passant par l’adhésion au groupe surréaliste de Breton. Le caractère magique de sa peinture, peuplée de créatures chimériques vivant dans des paysages presque symbolistes, s’impose comme une parfaite illustration des théories surréalistes.