Blanc comme neige, montrer patte blanche, cousu de fil blanc, le syndrome de la page blanche… Ces expressions désignent le blanc comme une absence, un état de manque. Pourtant, Malevich a vu dans cet achromatisme la possibilité d’une interprétation révolutionnaire, où l’abstraction totale suggérait l’utopie et l’infini. Dès lors, les artistes ont déployé le blanc dans un éventail infini de directions formelles et symboliques, y trouvant une puissance et une substance inattendues, convoquant le potentiel brut de la page blanche. L’exposition de la galerie Gagosian rassemble aujourd’hui de nombreux artistes qui ont exploré les possibilités de cette couleur. Fontana, où les lacérations de la toile exprime le drame, loin de la pureté du blanc. Le travail abstrait des dernières années d’Andy Warhol, que l’on connaît pourtant pour son abondance de couleurs. Hans Arp qui en crée des statues, destinées à être manipulées par le spectateur. Les quelques tissages de fibres naturelles non teintes de Sheila Hicks, comme un retour au naturel. Tous, dans des traitements et des approches variées, se sont saisies de cette révolution centenaire du blanc, dont l’on découvre ici toute l’ampleur.